La naissance du langage se tient ici, dans l’enfermement...



La naissance du langage se tient ici, dans l’enfermement atomique du nombre fini de ses lettres et dans l’ouverture à l’infini des possibles assemblages de ces blocs. La pratique de Myriam El Haïk relève de ce paradigme, elle procède par langage et parle de ce qu’est la langue. Celle-ci est à la fois la méthode et le sujet de son travail. On y éprouve l’effroi sublime du petit enfant, pour la première fois dépassé par l’idée du combinatoire. Le langage alphabétique, bien que corseté dans son abécédaire, ne souffre aucune limite. L’échappée immobile de la langue permet de se propulser à l’infini sans pour autant quitter l’arène close de sa base élémentaire. Elle dévoile la part proprement mystique qui loge au cœur de l’alphabet : l’impossible dialectique qui tient ensemble les notions d’enfermement et d’infini, où chaque point de clôture contient en même temps sa propre ligne de fuite.

Clémence Agnez
(via Myriam El Haïk)

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